Là où l’on attendrait des corps idéalisés, aux proportions de statues grecques et campés dans des poses gracieuses, on rencontre des femmes dont les corps sont marqués par des corsets rigides, les tailles ceinturées de rubans, portant des robes à manches bouffantes et des souliers pointus, la tête surmontée de coiffures complexes et extravagantes. Loin des nus soumis et érotisés de peintres tels que Boucher, Fragonard ou Ingres, Füssli montre des figures féminines à l’attitude délibérément provocante. Sûres d’elles, elles regardent l’observateur droit dans les yeux, ou l’ignore magistralement. En règle générale, les femmes de Füssli sont représentées seules et paraissent inaccessibles. Lorsqu’elles sont en groupe, leurs activités peuvent sembler mystérieuses, et dans les scènes érotiques, elles gardent toujours le contrôle.
Assurément, l’intérêt de Füssli pour la figure féminine a ouvert de nouvelles voies à son travail de dessinateur. Dans toute sa production dessinée, les autres oeuvres n’atteignent jamais une telle complexité technique. L’exposition et le catalogue examinent cette richesse des coiffures féminines, le rôle et la présence de Sophia Rawlins dans l’oeuvre de Füssli et cette nouvelle image de femme puissante, mais se penchent également sur l’influence de l’environnement libertaire dans lequel évoluait l’artiste sur son imagination créatrice. L'exposition, organisée par Dr Jonas Beyer, a été réalisée en étroite collaboration avec The Courtauld, Londres.
Avec le soutien de la Fondation Elisabeth Weber, du Boston Consulting Group et d’Albers & Co AG. Le catalogue est publié avec le soutien de la Fondation Wolfgang Ratjen, Vaduz.