Organisée par la commissaire invitée Simone Gehr à partir des fonds du Kunsthaus, l’exposition cherche à comprendre précisément comment Broodthaers se représentait le musée idéal. Que critiquait l’artiste dans les musées de son époque? En quoi ses œuvres nous permettent-elles de réfléchir au paysage muséal actuel? Ces réflexions peuvent aussi venir à l’esprit du public: pourquoi certaines œuvres «valent»-elles plus que d’autres et quel rôle le musée joue-t-il dans ces attributions de valeurs monétaires? Une œuvre n’est-elle authentique que lorsqu’elle est signée? Et en quoi les informations accompagnant les œuvres nous induisent-ils en erreur?

L’exposition met l’accent sur les éditions graphiques de Broodthaers. Il s’agit d’un ensemble de 25 travaux couvrant toute la période créative de l’artiste et que la Collection d’arts graphiques du Kunsthaus possède dans son intégralité. Chez Broodthaers, la notion d’«éditions graphiques» est relativement large. Outre la gravure, elle inclut aussi le film, la photographie et les installations. Les éditions sont complétées par quelques ensembles apparentés d’œuvres, prêtés au Kunsthaus, par exemple des lettres ouvertes ou des films de l’artiste.

Qui-était Marcel Broodthaers?

Né à Bruxelles (Belgique), Marcel Broodthaers est d’abord poète avant de se tourner en autodidacte vers les arts plastiques à l’âge de 40 ans. Il décède en 1976, le jour de son 52e anniversaire, laissant une œuvre d’une incroyable variété, malgré 12 ans seulement d’activité créatrice. C’est assurément la thématique du musée qui occupe le plus Broodthaers, intérêt déclenché par le mouvement de 1968 et les manifestations qu’il suscite à Bruxelles. Par la suite, il fonde son propre musée fictif, qui ne verra jamais le jour comme véritable institution. Pour l’artiste, l’enjeu est surtout de soulever des questions sur le monde culturel actuel. Entre 1968 et 1972, son «Musée d’Art moderne» fictif prend les formes les plus diverses. Le Kunsthaus a reçu certaines de ses éditions graphiques en don en 1982 et les a alors exposées. En Suisse, le MASI de Lugano a récemment consacré une exposition particulière à Broodthaers, en mettant l’accent sur ses «plaques» (panneaux en plastique de grand format).